— Lâche ton arme !
Le ton d’autorité de Maurin eut un effet singulier :
L’homme involontairement obéit et abandonna son fusil que Maurin déposa à terre, auprès du sien ; puis il se débarrassa de son carnier et dit à l’homme :
— Avance donc, espèce de brute !
Un moment décontenancé, le personnage avait repris ses idées.
À son tour il se débarrassa de son carnier et se mit en posture de combat.
Pastouré, tranquille, dit :
— Tu m’en laisseras un peu, hé ?
— Les lâches, c’est vous, proféra l’autre ; vous êtes deux !
— Oh ! moi, dit Pastouré, je garde les armes.
Les deux lutteurs s’étreignirent. Ce ne fut pas long : Maurin souleva de terre son adversaire et le jeta, de dos, dans l’herbe et la boue.
L’homme se releva et, menaçant, courut de nouveau sur son ennemi.
— Tu en reveux ? cria Maurin. Prends garde ! Cette fois, je cognerai !
Mais son ennemi était devenu comme fou de rage ; il se précipita sur Maurin, tête baissée. Maurin prit la tête de l’homme, la mit sous son bras gauche serré contre son corps comme un étau, et frappant à grands coups, du plat de sa main, sur le derrière de l’inconnu :
— Ah ! tu veux battre ton chien ? ah ! tu y tiens donc beaucoup, à battre ton chien ? Souviens-toi qu’il ne faut pas battre son chien ! Je t’apprendrai la justice, brute ! La sens-tu entrer, bestiasse, dans ton derrière, la justice ?