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L’ILLUSTRE MAURIN

lin fit le nécessaire, alla à la mairie, déclara le décès, prévint deux amis dont Maurin désirait la présence, et, le lendemain, eut lieu l’enterrement.

Le cercueil était sur la charrette soigneusement nettoyée, mais où pourtant se voyaient encore quelques traces rousses de bon fumier et, dans les jointures des planches, quelques grains d’avoine.

Pour faire honneur à la morte, Labigue avait prêté toutes ses bêtes ; devant le cheval limonier était un mulet et devant le mulet, en flèche, un petit âne. Et les trois bêtes portaient leurs harnais neufs, bien cirés, dont les clous de cuivre reluisants formaient des ronds et d’autres jolis dessins. Les deux amis que le médecin avait prévenus étaient là, vêtus de leurs meilleurs habits ; ils se mirent derrière la charrette que conduisait Maurin, à pied. Et, devant les amis, marchaient Bernard et Thérèse. Pastouré avait fait venir son fils Firmin, beau gars de vingt-cinq ans, qui marchait près de Thérèse et qui la trouvait à son gré. Car l’amour travaille même devant la mort. Pastouré, lui, cheminait à côté des brancards, tenant en main, sous la clarté éblouissante et blanche du plein soleil de midi, le fanal de l’étable, allumé pour veiller la morte, et dont la flamme jaunâtre était toute perdue dans les rayonnements du soleil.

Ainsi on allait, sur la route large, et le conducteur de la diligence qui, de Cogolin, retournait à Saint-Tropez, en croisant l’enterrement, le salua du fouet. Les voyageurs, dans la diligence, ôtèrent leurs chapeaux et les femmes qu’on rencontrait faisaient de grands signes de croix.

Et tous les gens du cortège se taisaient, mais, de