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L’ILLUSTRE MAURIN

— Je suis Maurin.

— Maurin des Maures ?

— O (oui) !

Lagarrigue apparut.

— Que veux-tu, calignaïré (amoureux, galant) ? tu as donc vu le rama, mon homme ?

— Je savais qu’il y était.

— Et tu ne t’es pas enfoncé jusqu’au genou ?

— Le marais me connaît un peu.

— Monte, que tu boiras un coup.

— J’ai beaucoup à te parler.

— Monte.

Le lit : une étroite caisse longue pareille à un cercueil rectangulaire, emplie de paille, et sur laquelle gisait un monceau de haillons pour couverture. Quelques filets, une fouine à prendre les oursins, de misérables engins usés, rouillés, de menues épaves, ramassées sur la plage, rejetées par les navires au large, bouchons, planchettes, barils ; des étoiles de mer desséchées ; des carcasses de crabes, une carapace de tortue de mer, un bec de cormoran, des squelettes d’oiseaux blanchis par le soleil. C’était l’intérieur d’un chiffonnier de la mer. Au mur, un fusil à deux coups à percussion centrale, luisait luxueusement dans ce sordide milieu. La fenêtre carrée avait des vitres claires, car il faut voir distinctement ce qui se passe au dehors…

Par cette lucarne, plus d’une fois, Lagarrigue avait tué pluviers ou canards, et gagné sa journée d’homme.

— Tu es bien ici, pour la chasse au marais, dit Maurin.

— Pour la pêche et pour tout, dit Lagarrigue.