au grand trot, Marlusse laissait là tout étonnés les curieux qu’il avait fait accourir autour de lui. Il allait attendre ses témoins sur la grand’route, à l’entrée du village.
— Monte vite dans mon çar (char), Maurin ; vite, Pastouré. Et en avant !
Chemin faisant, il conta à ses deux témoins pour quelles raisons il devait se battre.
— À la sortie du congrès, hier soir, un délégué de Caboufigue parlait de Vérignon (et même de toi, Maurin !) sur un ton qui ne me plaisait guère. Alors je dis simplement : « Il faut être un imbécile pour ne pas comprendre le mérite d’un Vérignon ou l’honnêteté d’un Maurin ! » Ce délégué, un M. Desacier, un du nord, capitaine de cavalerie en retraite, me regarde de travers et me fait :
« — Est-ce pour moi que vous dites ça ?
« — Se l’applique qui voudra !
« — Ze ne sais (qu’il me dit comme ça), ze ne sais si ze dois me commettre zusqu’à vous faire rentrer vos paroles dans la gorze ! »
« Tu penses, Maurin, si je suis un homme à me laisser remettre dans la gorze la moindre des çozes qui en sont sorties.
« — Monsieur, que je lui dis comme ça, le plus poliment que je pus, s’il y avait un jeu de dominos composé de coïons, vous seriez le double-six !
« — Monsieur, qu’il me répond, vous êtes un mal appris… »
Je m’échauffais ; il me bouillait quelque chose là dedans. Je réponds :
« — Tout àro, ou, vous fàou véirè trento-sié can-