Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
171
L’ILLUSTRE MAURIN

« — C’est entendu, qu’il me répond avec son assent francihot ; z’aurai mes sabres ! »

« J’ai bien pensé à t’aller conter ça tout de suite, mais il aurait fallu savoir où tu étais caché. Je me disais : Ils sont peut-être partis pour la montagne, rapport aux gendarmes. Enfin je vous ai trouvés ce matin et z’en suis bien content, car ça m’embêtait d’y aller tout seul, à ce duel.

— Comment ! tu n’en aurais pas pris deux autres, de témoins ?

— Oh ! non ! car il m’en fallait deux bien intelligents et de votre caractère, et ça ne se rencontre pas dans la « piade » d’une bourrique.

— Alors, dit Maurin, c’est que tu as imaginé quelque chose pour te tirer de là ? Mets-moi au courant.

— Voilà, dit Marlusse. Tu sais que z’ai été quinze ans entrepreneur de diligences, en Alzer ? J’allais d’Alzer à Constantine et ze’conduisais moi-même une de mes voitures…

— Bon ; après ?

— Après ?… Voilà un monsieur, ce militaire, qui avait pour métier de porter un sabre pendu à son derrière, — que, de sabre, moi, ce n’est pas pour de dire et pourtant c’est, — de ma sainte vie je n’en ai pas touché le fourreau d’un, — vu que z’ai été ézenté du service parce que j’ai une jambe plus courte ou plus longue que l’autre — comme on veut. Bon. Ce monsieur militaire ne me demande pas si ze connais son instrument et il veut que z’en zoue ! Et si z’en zoue mal, il me veut tuer ! Alors, par le fait, c’est qu’il veut me tuer à sa commodité, je veux dire sans danzer pour lui, et cependant il se croit du couraze en m’attaquant