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L’ILLUSTRE MAURIN

Parlo-Soulet pleura. Alors Victorin eut le mot pour rire :

— Les coïons de ce siècle se mettraient la lévite noire ou le kalitre, puisqu’ils se les mettent pour se marier… La plus vieille veste suffit bien pour faire fumier dans la terre ; et le bon Dieu, s’il y en a un, nous recevra toujours à son bal, dans la salle verte du paradis.

Il soupira profondément et dit :

— Parlo-Soulet ?

— Victorin ?

— Tout ce que j’ai fait dans ma vie, je le voudrais faire encore une petite fois, pechère ! mais je ne peux pas. Alors, sais-tu, je veux te le voir faire à toi. Mets donc la table et mange. Les oignons sont ici, les jambons sont là. Je sentirai l’odeur de la dernière soupe… Dommage que tu n’aies pas ici de quoi me faire sentir le goût d’une bonne bouille-abaisse !

Pendant que la soupe cuisait :

— Prends Joseph et fais-le parler. C’est l’heure où les perdreaux me volent l’avoine sur l’aire. Vas-y voir. Emmène mon chien César avec ton Pan-pan.

Parlo-Soulet sortit. Les perdreaux en effet étaient sur l’aire, à l’avoine. Il tua une grosse vieille perdrix que le chien de Victorin lui rapporta à son lit de mort.

— Brave ! il est brave. César ! dit-il en caressant son chien, de sa main maigre et faible.

« Donne-moi un peu de soupe… Adieu, Vidasso !

Il goûta la soupe et dit :

— Passe-moi Mariette. Allume-la-moi.

Il tira deux bouffées :