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L’ILLUSTRE MAURIN

— Je lui ai dit que j’avais des choses à acheter à Cogolin et il m’a vu prendre la diligence. Pour lui-même j’ai des commissions.

— Alors en ce cas, tu as un peu de temps, dit Maurin… Eh bien, tu serais bien brave, Tonia, de me coudre un peu ces boutons.

— Qu’est-ce que c’est que cet habit-là ? s’écria-t-elle étonnée en apercevant les bottes, l’épée, le chapeau à panache !… Nous ne sommes pas de carnaval !

— Aussi n’est-ce pas un habit de déguisement, dit Maurin offensé. C’est mon costume de bravadeur…

« Et, ajouta-t-il fièrement, c’était celui de mon père qui le tenait de ses pères.

Elle prit le fil et les aiguilles et se mit en devoir de coudre.

Tout en la regardant, Maurin lui expliquait de son mieux l’antique coutume de la Bravade, chère aux Tropéziens.

Cette coutume historique, fantaisiste et très respectable, a plus de deux siècles et demi d’existence, ce que Maurin résumait ainsi : « Ça vient des ancêtres, bien avant les automobiles, du temps d’Hérode. » Et rien n’est plus près de la vérité, puisque à cette tradition est mêlé le souvenir de Torpès « qui fut éçançon (échanson) de l’empereur Néron ; autrement dit il lui versait à boire ».

— Alors, lui dit-elle en développant le vieux costume qu’elle reprisait, tu seras habillé comme ça ?

— Oui, Tonia.

— Oh ! mon Dieu ! que tu seras drôle !

— Pourquoi ? dit-il vexé.

— Je voudrais bien te voir !