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L’ILLUSTRE MAURIN

sous un arbre du même nom, M. le sénateur Besagne à M. l’institeur Letourel.

Quand Maurin et Pastouré à cheval arrivèrent sous les grands pins de la Foux, les courses n’étaient pas commencées. Les gens, les étrangers surtout, regardèrent le mousquetaire et le dragon avec étonnement d’abord, puis avec curiosité, mais la plupart crurent qu’ils faisaient partie de la troupe tauromachique. On murmurait : « C’est des picadors ! »

— Tiens, dit Pastouré, voici monsieur l’instituteur qui a « appris » à mon fils. Bonjour, monsieur Letourel.

Pastouré, du haut de son cheval, serra la main de M. Letourel, qui écoutait le sénateur Besagne.

— Deux bravadeurs de Saint-Tropez, n’est-ce pas ? dit le sénateur.

Maurin salua, en soulevant son feutre empanaché.

— Nous parlions, dit M. Letourel à Pastouré et à Maurin, des courses de mort auxquelles nous allons assister ; et, ajouta-t-il en se retournant vers M. Besagne, — je me permettrai de vous demander, monsieur le sénateur, comment il se fait que les Chambres ne votent pas une bonne loi contre ces courses de mort ou, si la loi existe, — comme on le dit, — pourquoi elle n’est pas appliquée sévèrement ?

— Les partisans de ces courses, répondit le sénateur, leur ont inventé un nom qui paralyse l’action gouvernementale ; ils les ont appelées (voyez l’affiche) : jeux nationaux. Ce mot de national a la vertu de protéger peu ou prou tout ce qui le porte. Si nous touchions à des jeux ainsi dénommés, nous aurions contre nous, on le craint du moins, la nation tout entière, du moins la nation provençale.