de fuir — puis, brusquement se retourna, faisant face à la bête.
Empereur, surpris, s’arrêta. La foule applaudit.
Les compères mêlés au public crièrent : « Gonzalès ! vive Gonzalès ! vive Tortillados ! c’est lui ! c’est lui ! le grand El Fuego ! bravo ! bravo ! bravo Tortillados ! »
Tortillados se tortilla et salua les quatre points cardinaux.
Au moment où sa face souriante se tournait vers le mousquetaire et le dragon :
— Noum dé pas Diou ! s’exclama Maurin… mais je le reconnais, leur Tortillados ! c’est Mouredu, de Six-Fours, qui fut mon « cambarade » quand il était soldat et maître d’armes en Arles !… Il s’était fait gardian camarguais à l’époque où l’on a rasé le village de Six-Fours, au sommet de sa colline, pour mettre une batterie à la place ! Si c’est lui le plus fort de la troupe, pechère, le public est refait ! Tout ça, c’est d’Espagnols des Martigues !
La primera espada, son bras gauche recouvert de la cape, s’avança et, visant le nœud vital du taureau, entre les deux épaules, y porta son coup d’épée… Manqué !
Les prétendus afficionados, qui étaient les salariés de l’entreprise, se turent, mais un spectateur indépendant siffla.
Le taureau, blessé cinq fois, paraissait hésiter à fondre sur son adversaire… et enfin, tout à coup, il lui tourna le dos. Les sifflets se firent stridents et innombrables.
Un picador courut au taureau, le menaçant de sa lance… L’animal parut préférer l’épée et retourna vers elle.