mais aussi d’inquiétude : on avait enfin compris le sens de l’intervention du bravadeur, la pensée du don Quichotte paysan !
— Bravo, Môourin ! vive Saint-Tropez ! à bas l’Espagne ! vivat pour les bravadeurs ! vive Provence ! mort à l’Espagnol ! bravo, toro ! bravo, Môourin !
Réglementairement en garde, le mousquetaire, le noble champion des traditions locales et véritablement nationales, se souvenant des paroles du sénateur Besagne, cria alors, d’une voix tonitruante comme celle d’un tromblon :
— Citoyens ! la France n’est pas un abattoir ! L’Espagnol n’est pas roi de France ! Le marchand d’alcool non plus ! Vivo sant Troupé !
— Vive Saint-Tropez ! hurla la foule enthousiasmée.
Et le mousquetaire parait tierce, parait quarte, parait tout ! Le mousquetaire paradait ! La lame de Maurin ne quittait pas celle de son adversaire. Quelque mouvement que fît l’épée de Mouredu, elle retrouvait toujours celle de Maurin, comme si, aimantée, elle s’y fût à chaque fois collée d’elle-même, en dépit de toute habileté… Tout à coup Maurin poussa sa pointe.
La primera espada Gonzalès Tortillados Mouredu fit un bond en arrière… La foule trépigna de gaîté.
— Mort à l’Espagnol ! vive Provence ! Ten-ti, Môourin ! vivo sant Troupé !
À la fois terrifiée et joyeuse comme la foule, Tonia applaudissait follement.
— C’est tout de même un bougre, ce Maurin ! dit Orsini.
Le taureau regardait toujours les duellistes, d’un air d’étonnement stupide. À présent Maurin marchait