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L’ILLUSTRE MAURIN

— Je dis, répliqua le géant, que je ne sais pas où nous allons de ce pas, et que peut-être il faudrait le savoir.

— À ma cabane ! riposta Maurin. Je ne peux pourtant pas rester toute ma vie habillé en mousquetaire !… La liberté en France défend beaucoup de choses, mais principalement de s’habiller en soldat du temps passé. Comme mousquetaire, ami Pastouré, l’État ne me subventionne que deux jours par an, et encore c’est seulement pour me payer de la poudre de guerre.

Ils allaient d’un bon trot.

— Halte ! dit tout à coup Pastouré. Si tu veux encore des gendarmes… en voici encore ! Derrière ta cabane, j’en vois un qui se croit bien caché et qui me montre un coin de son chapeau d’empereur. De sûr, qu’il t’attend, toi et aucun autre.

— Alors, dit Maurin, il me paraît, à n’en pas douter, que le grand saint Tropez veut que je reste mousquetaire. Laisse-moi recharger mon tromblon, car on ne sait pas ce qui peut arriver, et en avant sur Bormes !… C’est M. Rinal qui va rire en nous voyant habillés de la manière !

Quand ils eurent un assez long temps trotté, sans échanger de nouvelles paroles :

— Tout de même, dit brusquement Parlo-Soulet, il faut un brave courage pour tirer un taureau par la queue comme tu as fait !

— Peuh ! dit Maurin, dans les arènes d’Arles, tous les petits enfants font de même, et encore, souventes fois, la queue casse et leur reste dans la main !

Ils mirent leurs chevaux au pas, et bientôt après ils saluaient d’une pétarade de leurs deux tromblons une