Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/329

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
311
L’ILLUSTRE MAURIN

du respect de la mort. Le monde est trop menteur, ça m’embête.

— Et quand tu as dit ça à ce maire (car je te connais, c’est sûr que tu lui as dit), qu’est-ce qu’il t’a répondu ?

— Que les marins, c’est leur destinée d’être enterrés dans l’eau.

— C’est un peu vrai !

— … Et ton fils le pescadou (le pêcheur), il va bien à cette heure ?

— Oui, dit Maurin, il se fait sage, il a compris que son échine y gagnerait.

— Avoir des enfants, dit Saulnier rêveur, c’est avoir de gros soucis… Trop souvent ils vous paient en mauvaises manières des peines que vous prenez pour leur être bons… Mon pauvre père me répétait souvent le proverbe : « Mieux vaut avoir un cochon qu’un fils… au moins, on peut le tuer et le saler ! »

Ils allumèrent les pipes.

— Tu as une belle pipe, Maurin !

— C’est un cadeau que je me suis fait pour avoir l’occasion de rendre visite aux belles pipières de la fabrique de Cogolin. En voilà des jolies filles ! La sciure du bois de bruyère, qui vole autour d’elles, les rend toutes roses comme leurs pipes neuves, et elles ont une façon de se garder la tête contre cette poussière, avec un mouchoir qu’elles arrangent autour de leur figure comme un cadre autour d’un portrait ! une façon si agréable, que je suis amoureux de toutes.

Maurin, âme artiste, comprenait la réelle beauté des pipières de Cogolin.

Elles sont toutes jolies, en effet, et, à l’atelier, c’est plaisir de les voir !