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L’ILLUSTRE MAURIN

— J’ai d’abord eu ma belette et ma renarde rien que pour le plaisir, je te le jure, expliqua Saulnier. C’est des véritables amis. Ce n’est qu’après avoir fait amitié avec eux, sans penser à leur rien demander, que j’ai eu l’idée qu’entre amis on se devait quelques petits services. Quant à mes perdreaux ce fut de même, mais le service qu’ils me rendent aujourd’hui (et Saulnier baissa la voix), c’est de me donner l’air d’un homme qui nourrit des bêtes inutiles. Tu comprends, ils détournent l’idée qu’on pourrait avoir que ma renarde et ma belette chassent pour moi. Je ne chasse d’ailleurs que les bêtes nuisibles. Les lapins, c’est bête nuisible.

— À quoi te sert donc ton fusil ?

— Peuh !… un ou deux lièvres par an, mais je compte davantage sur ceux qui se prennent tout seuls aux collets que je tends… contre les fouines !

« Eh ! eh ! ricana-t-il, quand cela arrive, ce n’est pas ma faute !. Et puis, il faut bien goûter les bonnes choses chaque fois qu’on peut.

— Toutes les bouches sont sœurs, proféra Pastouré.

— Allons, Maurin, chantes-en une ; puis, nous irons à la paille.

Maurin chanta en provençal :

On marie une jardinière
À Saint-Michel ;
On lui donne pour dot cinquante
Chapelets d’oignons
Et des radis !
Et, avec quelques melons
Et beaucoup de pastèques,
On lui donne cinquante piments !

— Et maintenant à la paille, c’est bien le cas de la dire.