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L’ILLUSTRE MAURIN

le trahir sans le vouloir, il a pris la précaution de ne pas me dire où il fait son gîte. — Et où était-il quand il ne vous l’a pas dit ? — Il était à cheval. — Mais où ? — Sur la route qui va de Saint-Tropez à Cogolin. — Et où alliez-vous présentement ? — Ah ! voilà ! J’allais comme il me l’a demandé, déposer ce paquet dans un endroit du bois qu’il m’a expliqué, et où, à son loisir, je ne sais pas quand il viendra le quérir. — Et quel est cet endroit ? » — Je voulus rire un peu et je répondis : « À la Fontaine des Darnagas. — Je ne connais pas cet endroit. Il n’est pas sur la carte. — Vous le connaîtrez quand vous y serez. C’est un endroit qui s’appelle comme ça sans le faire exprès, vu que c’est nous, Maurin et moi, qui l’avons baptisé de la manière. — Marchez, nous vous suivons. » Ils me suivirent en effet, et je les ai conduits sous le Chêne des Palombes que tu connais, près de la source, dans le bois des Arnaud.

« Arrivé près de la source, j’ai déposé le paquet ! et ils sont en train de le regarder, postés à quelques pas de là, comme des chasseurs à l’affût. Ils comptent, comme deux imbéciles, que tu viendras chercher tes habits et te faire prendre au piège.

— Et comment est-ce qu’ils n’ont pas deviné que tu allais m’avertir ?

— Ils ont cru se précautionner suffisamment en me mettant dans la diligence qui retournait à Cogolin… J’y suis monté par leur ordre, sous leurs yeux… mais j’en suis redescendu un quart de lieue plus loin, j’ai pris par nos sentiers d’escourche (de raccourci) et me voilà avec toi ! C’est étonnant tout de même, à la réflexion, qu’ils n’aient pas eu l’idée