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L’ILLUSTRE MAURIN

blanc, rouge. Et demain, 14 de juillet, si vous êtes tous consentants, je réunirai les deux fanfares, l’Harmonie et la Symphonie, dans la grande salle de la maison commune. Nous fermerons les portes, nous ouvrirons les fenêtres. Et nous apporterons mon merle dans sa cage, que nous mettrons sur la grande table du conseil.

« Tous les musiciens, avec leurs instruments, entoureront la table.

« Sur un signe que je ferai, la porte de la cage sera ouverte solennellement. Aussitôt, les deux musiques se mettront à jouer, bien d’accord, la Marseillaise, et le merle s’envolera, aux sons de cette musique célèbre, emportant à jamais sur ses ailes le souvenir de toutes nos discordes ! »

« Les deux chefs de musique furent enthousiasmés et répondirent :

« — Monsieur le maire, c’est une idée sublime ! »

« L’idée fut trouvée, en effet, belle par tout le monde à Bourtoulaïgue. Si on avait demandé aux deux fanfares d’oublier tout bonnement leurs querelles, leurs rancunes, leurs colères passées, elles ne l’auraient pas pu ni voulu faire, mais la seule idée d’une si belle manifestation fit du coup un commencement de paix dans le pays. Tout le monde voyait d’avance le merle, décoré, s’envolant par la fenêtre, et emportant le souvenir des discordes d’autrefois sur ses petites ailes noires. L’annonce de cette cérémonie transporta donc de joie tout le peuple de Bourtoulaïgue. Elle eût enthousiasmé la France tout entière si les journaux en avaient parlé, mais il n’y a pas encore de journaux à Bourtoulaïgue.

« Le 14 de juillet au matin, la cage du merle, posée