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L’ILLUSTRE MAURIN

de procès-verbaux qui me cherchent… Les brigades me traquent… Et tout cela pourquoi ? pour des soi-disant fautes qui n’en sont pas.

— Les délits que Maurin a pu commettre, dit M. Cabissol, il les a commis en faveur de l’équité.

— J’en connais quelques-uns, avoua le juge, quoique je ne sois à Draguignan que depuis quinze jours à peine.

— Alors, monsieur le juge, vous devez savoir que le plus grave de tous devrait me faire voter des félicitations par la Chambre des députés : c’est mon aventure du chien fou. Mais bah ! nous sommes tous un peu d’Auriol dans notre contrée et, au fond, l’opinion publique de mon royaume me juge comme je devrais être jugé partout.

— Et pourquoi ne vous constituez-vous pas prisonnier pour vous défendre ?

— Voilà justement le diable ! dit Maurin. Je ne vais pas m’expliquer avec la justice parce que… je m’en méfie ! Si je vais vous voir dans votre palais pour vous dire ce qu’ici je vous dis dans le palais du bon Dieu, de sûr vous me coffrerez.

— Dame j’y serai sans doute forcé, déclara le juge.

— Tandis que je voudrais pouvoir, déclara Maurin, me faire rendre justice sans être puni par avance.

— La loi est la loi ! Nous jugeons des faits et non des intentions.

— Et des lois il en faut, affirma fortement Maurin, mais le journal racontait l’autre jour qu’une jeune mère, pechère ! n’ayant que sa pauvreté qui fût bien à elle, avait volé chez le boulanger trois pains d’un sou parce que son petit avait faim. On te la coffre. Elle est