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L’ILLUSTRE MAURIN

Sandri occupait le milieu de l’arc de cercle ; il était dans le chemin. La chaleur de plus en plus devenait intolérable. Les soldats s’arrêtèrent. Les travailleurs obstinés, entêtés, à demi nus, mouillant de minute en minute leur face, leurs bras, leur poitrine velue, s’agitaient comme des diables attisant ou éteignant l’enfer.

Parmi eux Sandri reconnut Lagarrigue :

— Encore un mauvais bougre, celui-là !

Pastouré, s’étant retourné, aperçut le gendarme.

Tout en travaillant il se rapprocha de Maurin :

— Attention ! ton gendarme est là… File, Maurin, je te suivrai… Partons-nous par la droite ou par la gauche ?

— Ni par la droite ni par la gauche, dit Maurin. Ils sont trop ! regarde bien.

— Bougre ! les soldats !

— Prends un ferrat, dit Maurin, et moi un autre ; et puis imite-moi en tout sans hésiter. Aie confiance.

Pastouré fit signe qu’il obéirait.

Maurin se retourna :

— Il fait chaud, hein, Sandri ?

— Un peu ! dit l’autre en s’assurant d’un regard que ses hommes formaient un cercle étroit… Entre chacun d’eux il n’y avait plus assez d’espace pour que son assiégé pût tenter de fuir.

Les autres travailleurs s’arrêtèrent… Ils étaient là dix ou douze, à regarder, stupides d’étonnement, se reculant du feu, et formant, eux aussi, sans y songer, un obstacle à la fuite, encore possible peut-être, de Maurin.

— Allons, rends-toi, Maurin ! cria tout à coup Sandri d’un ton triomphant.