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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/437

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L’ILLUSTRE MAURIN

— Bon ! monte respirer l’air libre. On ne nous pourra pas voir, à cette heure.

Pastouré monta ; puis, un peu avant le jour, ils eurent peur d’être aperçus, et ils allaient regagner l’ombre humide, quand Maurin dit :

— J’ai faim.

— Ramassons des pignes, suggéra Pastouré. Nous aurions dû y penser plus tôt… Té ! en voilà de toutes rôties.

Ils en jetèrent bon nombre dans le puits.

— Voilà des vivres pour huit jours, déclara Maurin.

— Et la boisson ne manquera pas, assura Pastouré.

— Et puis j’ai à la poche ma fiasque plate pleine d’aïguarden.

Ils redescendirent dans l’obscurité fraîche. Ils ouvrirent les pignes et ils mangèrent les pignons. Puis ils burent l’eau puisée avec les seaux. Puis la pipe se ralluma et ils la fumèrent l’un après l’autre…

— À quoi penses-tu ? demanda Pastouré.

— À m’en aller d’ici au plus tôt, répondit Maurin. J’aimerais beaucoup être ailleurs.

— Pourquoi ? dit Pastouré. Il fait bon ici, l’été. Tu vois bien que les Russes, en été, vont dans les vallées de la Suisse. Et pourquoi ? pour avoir frais. Beaucoup de riches, l’été, voudraient être à notre place… Ils le pourraient, avec leur fortune ! ils pourraient se faire des puits exprès pour se mettre à rafraîchir ; seulement, ils n’y pensent pas.

Là-haut, le rond du ciel perdit ses étoiles. Des fumées passaient. Le jour se fit, pâle, puis éclatant.

Les pieds contre la pierre, le dos contre les perches