CHAPITRE LIV
Il regardait la figure jeune de Fanfarnette, ses cheveux drus et soyeux, sa nuque ferme… Il avait encore devant lui, avant l’heure de son rendez-vous avec Tonia, deux grandes heures.
Il pensa à déjeuner, mais la bouche ronde de Fanfarnette faisait une moue enfantine…
— Maintenant, dit-elle tout à coup, tu es forcé de me prendre en mariage.
Cette parole ne le surprit pas outre mesure. Il l’avait entendue si souvent et si souvent éludée !
— Fanfarnette, déclara-t-il, j’ai un présent à te faire et nous serons quittes.
Il tira de son carnier un joli foulard de soie qu’il avait acheté la veille pour l’offrir à Tonia.
Fanfarnette se saisit du foulard, le déplia et dit :
— Crois-tu vraiment qu’un foulard, même joli comme est celui-ci, me paie de ce que je t’ai donné ?
Il ne comprit pas, et prit dans son carnier un petit miroir ovale, encadré dans de la corne et qui avait un couvercle tournant sur pivot. « Tonia, songeait-il, n’attend pas ces choses… je peux les donner. »
— C’est tout ce que j’ai, fit-il, c’est pour toi.