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L’ILLUSTRE MAURIN

— Maurin, dit Pastouré, quand il y aurait d’un côté un Maurin et de l’autre toutes les femmes qui sont dans toute la nature du monde entier, et qu’elles diraient le contraire de ce que tu dirais, toi, — la balance du monde entier ne l’emporterait pas contre toi, aux yeux de Pastouré, pourquoi il te connaît.

Maurin soupira et tendit la main à son vieux compagnon qui la serra à la briser… Mais le malade, heureux, ne se plaignit pas de l’étreinte.

— Mon brave Pastouré, dit-il, écoute… tu sais que j’ai rendu un service à ces boumians qui ont construit tout un village dans le bois de M. de Siblas, aux Bormettes ?

— Oui, dit Pastouré.

— Va les trouver. Explique-leur comment tu m’as vu et que j’ai besoin d’être caché ailleurs qu’ici et emmené d’ici sans être vu, jusque chez leur ami Lagarrigue, tu comprends ? Si on me sait malade, on guettera ma guérison. On m’accuse d’un incendie et d’un meurtre ! Le jour qu’il le faudra je me présenterai pour répondre, mais je ne veux pas être pris malgré moi.

— Je te comprends, dit Pastouré.

— Les bohémiens attelleront une roulotte, et jusque chez Lagarrigue j’irai « de couché », puisque je ne puis pas aller « de droit » ! Allons, file !… Ah !… emmène mon chien Hercule, mets-le chez nos amis de Bormes, et si je meurs, il sera tien !

M. Rinal ne s’opposa pas à cet arrangement, il se proposait d’aller faire à Maurin, chez Lagarrigue, ses bonnes visites de médecin. Pastouré venait de partir, lorsque arriva le petit Bernard,

— Demandez-lui quelque chose devant moi, dit Mau-