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L’ILLUSTRE MAURIN

attendant, nous allons camper ici. Une roulotte arrêtée sous un pin au bord du grand chemin, ça n’étonnera personne.

Le boumian détela son cheval maigre qu’il entrava et qui se mit à brouter l’herbe courte des bords de la route. Pastouré attacha le sien à un arbre et vint s’asseoir dans la voiture, à côté du lit de Maurin. Le boumian se coucha sous la roulotte, entre les quatre roues, près du chien féroce qui y était enchaîné. Il était quatre heures de l’après-midi.

— Ouvre la porte, Pastouré, que je voie la route, et les arbres, et tout.

Pastouré fit ce qu’il désirait.

Maurin, couché, pouvait, du regard, suivre par la porte ouverte le long ruban blanc de la plage qui va de Saint-Aigulf à Saint-Raphaël.

Tout à coup :

— Pastouré ! dit-il d’un ton singulier, je vois là-bas, assise sous ce pin, une bien jolie dame avec une ombrelle beaucoup jolie… Je voudrais bien savoir ce qu’elle est en train de lire. Va un peu me la chercher.

— Es-tu fou, Mòourin ?

— Va, je te dis. Tu ne vois donc pas que c’est ma fille ? ou si tu veux notre fille, puisqu’elle a épousé ton garçon ?

C’était elle, en effet, habillée avec une coquetterie excessive et traînant dans la poussière des routes une robe de bourgeoise bien longue, de celles qui exigent qu’on les soulève à poignée, d’une main prétentieuse, toujours en imitation de la bourgeoise dont on se moque d’ailleurs et que l’on déteste.

— Vous, ici, mon père ? et malade !