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L’ILLUSTRE MAURIN

moi vivement, mais n’oublie pas que si je n’étais pas si malade, je te dirais : « Fous-moi le camp et ne reviens qu’habillée comme le commandent et ta position avec ton mari, et le chemin plein de poussière où tu te promènes ! »

Elle l’embrassa en pleurant. Il suffoquait, épuisé par le long effort qu’il avait fait pour vider son cœur et se soulager de sa colère.

— Si je viens à mourir, ajouta-t-il, garde bien tout ce que je t’ai dit, pourquoi ce bon conseil est tout l’héritage que je te peux laisser. Le terrain sur lequel ma cabane de bois est construite n’est pas mien ; les planches qui forment la cabane sont pourries ; il n’y a guère dedans que mon costume de mousquetaire : il est pour le musée arlatan dont m’a parlé M. Rinal. Et quant à mon fils Bernard, il aura mes septante-quatre queues de porcs sauvages.

— Septante-cinq, corrigea inflexiblement Pastouré.

— À présent, bonsoir, ma fille, et garde mes paroles. Elles te porteront bonheur plus sûrement que les gris-gris qui te pendent à la ceinture, au bout d’une attache où ma mère ne portait que ses grands ciseaux.

Quand se fit la nuit, la roulotte, au beau clair de lune, se mit en route vers la grotte de Roquebrune, au bas de laquelle Lagarrigue guettait…

— Suivant ton conseil, dit tout de suite Lagarrigue à Maurin, j’ai quitté l’affaire de la contrebande, mes hommes ne sont plus dans la grotte que pour huit jours. Ils attendent la paye prochaine, et après ce sera fini.

— Ça me fait plaisir, dit Maurin. Tu es un brave homme.

Par un système de poulies destinées à monter les