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L’ILLUSTRE MAURIN

CHAPITRE LX


Le grimoire des bergers.


Là, dans cette grotte, parmi des coquins, au milieu de l’âcre odeur du tabac frais, sous une voûte de roche inégale où, dans les joints, perçaient quelques racines noueuses, Maurin dormit, dormit à pleins poings. Il se sentait pour la première fois depuis bien des années dans un asile.

Le soir, aucun feu n’était allumé, on causait à voix basse.

La vaste ouverture verticale et inégale de la caverne encadrait un grand morceau de terre et de ciel. On voyait là-bas le profil des Alpes, des Maures Grises, du mont Vinaigre, et les lumières de Fréjus, celles de Saint-Raphaël, le clocher russe de cette délicieuse ville de plaisance, les feux du môle et de quelques bateaux, à l’ancre.

Dans la plaine, les étangs luisaient, l’Argens serpentait, couleur de son nom.

La mer reflétait toutes les étoiles, immobiles sous l’ondoiement des vagues.

Les sables brillantins luisaient aussi çà et là.

De loin en loin, un train allant vers Paris ou vers Nice passait au nord de la plaine, feu encore et fumée,