— Voyons votre histoire, maître Maurin.
— Un pauvre ouvrier, que j’ai connu, manquant d’argent pour sa femme et ses petits à la suite d’une longue maladie, arrêta un soir un bourgeois sur le grand chemin.
« — La bourse ou la vie ! » lui cria-t-il.
« Le bourgeois tira sa bourse et la lui lança, puis il voulut s’éloigner :
« — Attendez un peu ! » dit le voleur.
« Il ouvrit la bourse qui était lourde, n’y prit que vingt francs et rendit tout le reste.
« — Je n’ai pas besoin de plus, » dit-il…
« Et comme, tout de suite après, il voulait partir bien vite :
« — Attendez à votre tour, lui dit le bourgeois. Voici mon nom et mon adresse. J’ai une grande fabrique, venez chez moi travailler demain… Beaucoup d’honnêtes gens le sont moins que vous ! »
« Le voleur y alla. Lui-même m’a conté la chose. Et il était devenu le meilleur ouvrier et le meilleur ami de son patron ; il pleurait en parlant de lui. C’est une belle histoire et toute véritable !
— Eh bien, moi, déclara Pognon, toute ma vie, je regretterai de n’avoir pas étouffé cette vieille, tu sais, Galette, qu’on disait si riche, dans cette ville de Cannes.
— Ce coup-là peut se retrouver, murmura Galette.
Maurin écoutait ces choses, l’âme effarée, bouleversée, navrée.
— Mignotin est jeune, dit-il une fois tout à coup. Ne lui enseignez pas ces choses terribles. Renoncez-y pour vous-mêmes. Un temps meilleur vous viendra.
— Pour nous, il n’y aura pas de temps meilleur