et en servant lui-même les plats qu’il avait apprêtés, il avait un mot aimable et familier à l’adresse de chaque convive.
On causa enfin des élections.
Avant tout, il faudrait se méfier de Poisse qui avait un pied sournois, dans la réaction.
Il y aurait bientôt un congrès où toutes les communes enverraient leurs délégués. Le congrès déciderait si on aurait finalement un candidat unique ou plusieurs. Un candidat unique vaudrait mieux, mais comment empêcher les candidatures multiples de se produire ? Aucun des délégués ne consentirait à abandonner son candidat, chacun d’eux croyant ou feignant de croire, par intérêt individuel, que son candidat est le meilleur. Ceci dit, quelles étaient les chances respectives des candidats ? Vérignon, de l’avis unanime, en avait de grandes. Quant à la candidature de M. Siblas, elle empêcherait les voix réactionnaires d’augmenter les chances de Poisse. Pour Caboufigue, il avait promis de ne pas se présenter. On avait sa parole. Le fils Caboufigue fit semblant de ne pas entendre. Maurin le regarda de travers.
Restait M. Labarterie. Celui-là, malgré les mérites qu’on parut lui accorder, par pure politesse, n’avait aucune chance. On lui conseillait de se retirer.
— Voyez-vous, lui dit Maurin, dans notre pays, on ne veut plus guère de Parisiens, même si célèbres que vous voudrez. On veut pour députés des gens d’ici, comme Vérignon. Et encore, il les faut connus d’une certaine manière, connus dans les villages et dans les campagnes. Vérignon a écrit dans les journaux d’ici et de Marseille, qu’on lit à la veillée, et il écrit les choses de