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L’ILLUSTRE MAURIN

— Tu es bien heureuse ! dit son mari… Ah ! je comprends aussi ! fit-il tout à coup en portant les mains à son front.

Le geste parut si comique qu’il fit le succès de l’histoire.

— Et pas plus ! dit Maurin, en regardant finement la dame.

— Tu nous en as promis une autre, dit Cigalous.

— La voici, dit Maurin. Et elle est encore plus vraie.

— Comment, encore plus vraie ?

— Je veux dire qu’elle est vraie tout à fait. La première ne l’est pas du tout. C’est seulement une histoire que je me suis imaginée un jour possible, en regardant la femme du scaphandrier à terre et le scaphandrier qui sortait de l’eau. « Tiens ! me dis-je, — tiens ! à voir ce casque sur cette tête, on dirait qu’il l’est par-dessous ! »

— Voilà les gens du midi ! dit Labarterie. Quelles imaginations !

— À ton service ! pensa Maurin.

— L’autre histoire ! l’autre histoire !

— Vous y verrez comment, tout simple matelot que j’étais, j’ai fait sonner, moi, les cloches d’une ville, battre les tambours et hisser le grand pavois…

— Eh bien, mais… c’est ce qui t’est arrivé aujourd’hui.

— Oh ! mais, dit Maurin, aujourd’hui je suis un autre homme ; je suis passé roi !… Voilà donc l’histoire : Nous revenions d’Agay sur notre torpilleur et nous avions, par jeu, cueilli au bord de la rivière beaucoup de branches de lauriers-roses ; et avec la permission