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L’ILLUSTRE MAURIN

vraie justice finit toujours par avoir le dessus… je vous félicite… Les poursuites sont abandonnées. J’étais en congé quand vous avez fait ici cette battue où vous avez eu un homme tué…

— Vous en avez vu d’autres ! répliqua galamment Maurin, et vous avez plus d’une fois donné et reçu de mauvais coups en arrêtant des coquins.

Ce que je voulais dire, continua Cantoni, c’est que, cette fois-là, vous avez un peu mécontenté les gendarmes, à ce que j’ai appris, en les plaisantant un peu mal à propos… Celui qui attend le sanglier qu’on chasse à l’espère ne peut l’arrêter que s’il passe à sa portée et non pas hors de vue et près des autres chasseurs.

— Mais, dit Maurin avec noblesse, croyez-vous donc, brigadier, que j’en veuille aux gendarmes ? Il y a une affaire entre Alessandri et moi, une affaire d’homme à homme, et si les autres gendarmes se croient touchés, ils ont tort.

— Vous savez bien, Maurin, qu’en vous poursuivant lorsqu’ils en ont l’ordre, ils font leur devoir.

— Entendu ! dit Maurin ; mais alors je fais le mien en leur échappant quand je peux et comme je peux. Ce n’est pas d’être arrêté par eux que j’ai peur, mais d’être gardé par d’autres. Mon grand-père me disait que si on l’accusait d’avoir volé Coudon et Faron, les deux montagnes toulonnaises, quoique tout le monde continuerait à voir à leur place les deux montagnes, il aimerait mieux ne pas avoir à faire en justice la preuve du contraire.

— Ce n’est plus un mystère pour personne, — dit Cigalous, qui voulait convaincre Cantoni de l’innocence de