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L’ILLUSTRE MAURIN

M. Cigalous le regardaient comme il les regardait, de l’air de quatre augures qui savent le fin du fin. Toutes les pattes d’oie étaient rayonnantes. Il semblait qu’il y eût entre ces quatres hommes un mystère extravagant, un monde de gaieté, un formidable sous-entendu… qui échappait à tous les profanes. Évidemment, c’est ce qui n’était pas dit qui était le plus drôle.

Après un silence, Marlusse reprit, d’un ton plaintif et vexé :

— Si c’est possible, ça ! Voyez-vous, madame et messiès, ils se préparent déjà à rire, mes camarades de voyage, et ils savent bien pourquoi. Ce n’est pas mon histoire elle-même qui les fait tant rire, c’est de savoir que je ne sais pas la bien conter… Enfin, je n’en prends mon parti, par respect pour la compagnie.

Marlusse tira une bouffée de sa consolante pipe et poursuivit :

— L’Essposition arrive. On part… Nous nous « carrons » dans un bon « vogon » de troisième classe…

Ici la figure de Marlusse exprime la satisfaction qu’on éprouve à se trouver dans le paradis même.

— Nous allumons une bonne pipette. Et : faï tira, Mariu !… C’était un train de plaisir. Nous passons par Marseille comme de juste et nous arrivons à Paris.

Ici, voyant qu’on riait, Marlusse s’interrompit de nouveau :

— Si vous riez de moi déjà, monsieur le maire, ze ne pourrai pas continuer. Faut que z’y renonce ! Allons, zou ! Novarre, m’aregarde pas comme ça. Soufflarès, tu me souffleras, qué ?

— Va de l’avant, Marlusse, les Parisiens t’écoutent.

— La première idée qui nous vint, à Paris, c’est que