Page:Aicard - Molière à Shakspeare, 1879.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 9 —


C’est l’Océan ! Il a parfois de ces marées
Qui semblent un assaut de déluge et de nuit :
Cris, sanglots, tournoîments d’âmes désespérées…
Il déborde !… Voyez, son flot retourne à lui.

C’est Hamlet, Othello, Macbeth, Lear, — des tempêtes !
Ô rêves, plus vivants que des êtres de chair !
… Vous aussi, Desdémone, Ophélia, — vous êtes !
Sœurs pâles d’Ariel qui va flottant dans l’air.

Et Roméo, Falstaff, et vous tous, c’est Shakspeare !
Et rien qu’avec des mots, — ces mots qu’il disait vains, —
Il a créé ce peuple, un peuple qui respire,
Chœur étrange et puissant de mensonges divins.

Il a vécu voilà trois siècles. L’Angleterre
Doit un monde idéal à ce doux conquérant,
Et l’acclamation des peuples de la Terre
Ne salûra jamais un poète plus grand…