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Page:Aicard - Notre-Dame-d’Amour, Flammarion, 1896.djvu/88

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le harnachement du cheval camarguais et la bonne grâce du « chevalier ».

Elle n’avait point de préjugé, mais elle avait de la discrétion, du moins, en ce qui la concernait, aucune hypocrisie et l’émotion facile, si facile que cette admirable fille de vingt ans était depuis des années une femme. Elle avait mis à mal plus d’un joli adolescent ; elle leur demandait à tous sans distinction de la reconnaissance ; elle ne se reprochait point ses faiblesses, mais ne s’en vantait pas non plus ; elle rougissait à ravir en baissant, d’un mouvement instinctif, sans y songer, des paupières de vierge tremblante, chaque fois qu’un homme pas trop mal fait et jeune lui disait : Je t’aime. Et finalement, elle était devenue la maîtresse de Jean dès leur quatrième entrevue. Ce jour-là, il l’avait innocemment conduite à la promenade, le long du Rhône ; c’était un matin de printemps. Elle avait d’elle-même, tout à coup défaillante,