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Page:Aimé-Martin - Plan d’une bibliothèque universelle.djvu/104

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ques contrées barbares, mais les acheteurs, mais les détenteurs de la marchandise existent encore dans des contrées civilisées. Faut-il le dire ? aux rives du Nouveau-Monde, sous la double lumière de l’Évangile et de la liberté, un peuple s’est rencontré, dont la loi consacrait l’avilissement d’une race entière. Cette loi, elle dit à l’esclave : Tu seras puni si tu oses avoir de l’intelligence ; elle dit au maître : Tu seras puni si tu laisses une âme à ton esclave. Le tuer, tuer un homme ou lui apprendre à lire, deux crimes égaux aux yeux du législateur, et qui encourent la même peine. Ainsi l’homme pour posséder l’homme est réduit à le dégrader et à se dégrader soi-même. Un crime l’entraîne à un autre crime. « Marche, marche, dirait Bossuet ; qui achète un esclave, commence son meurtre ; marche, marche, la route de sang est ouverte ! Alors au bruit de l’émeute, aux cris des victimes, ces peuples nous apparaissent dansant autour des bûchers et brûlant des hommes vivants, comme les races sauvages dont ils ont usurpé les forêts ! Marche, marche, il manque encore à la fête, le festin des cannibales ! »