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Page:Aimé-Martin - Plan d’une bibliothèque universelle.djvu/108

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imaginaire, Fénelon pouvait dire au duc de Bourgogne : « La cité véritable a existé. » Et en effet le gouvernement de Salente, c’est le gouvernement d’Henri IV idéalisé par une belle imagination. La France était dévastée par la guerre ; Sully imagine de la régénérer par l’agriculture. Son but est de donner à la royauté toute l’austérité des mœurs républicaines. Il repousse les arts du luxe, les frivolités de la richesse, les industries qui amollissent, repeuple les campagnes aux dépens des villes, surtout aux dépens de la cour, et ne veut que des pâtres, des laboureurs et des soldats ! Le labour et le pâturage disait-il, sont les deux mamelles de l’État. Eh bien ! Fénelon n’a pas d’autres principes, et n’établit pas d’autre félicité dans son royaume imaginaire. Voyez la surprise de Télémaque en revenant à Salente après une longue absence ; ces campagnes qu’il a laissées incultes et désertes, il les retrouve peuplées d’ouvriers diligents et cultivées comme un jardin. L’aisance a remplacé la misère, et les yeux charmés rencontrent partout la fraîcheur, la joie et la fécondité. Mais à peine il entre dans la ville que son admi-