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Page:Aimé-Martin - Plan d’une bibliothèque universelle.djvu/121

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vos utopies, faites fleurir les sciences, anéantissez les vices, les ambitions, les corruptions, toutes les maladies du corps et de l’âme ; maudissez, supprimez la guerre et ses horribles gloires, le principe de l’accroissement progressif de la population est là pour tout engloutir. Plus vos perfectionnements le favorisent, plus vous accélérez votre perte ; la faim se place toujours au bout de la carrière, en sorte que les triomphes de la vertu et de la raison conduisent droit à l’anthropophagie.

Telles sont les idées de Malthus sur la population ; il a douté de la Providence ; il a fait la science athée. Ce qu’il prévoit, lui, faible créature, il n’a pas imaginé qu’un Dieu ait pu le prévoir ; et voilà que celui qui a dit à la mer : Tu viendras jusque-là, tu n’iras pas plus loin, est resté sans puissance ou sans prévoyance devant les flots des générations. Ainsi procède le disciple de Smith. Il ne s’aperçoit pas que ses calculs le conduisent à l’absurde, et, sans rougir, sans s’étonner, il accepte ce double résultat de sa doctrine que le crime seul peut sauver le monde, et que le perfectionnement phy-