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La manière de procéder de Linné est remarquable ; il décrit les individus pour établir les espèces, et c’est par l’étude des détails qu’il arrive à la connaissance de l’ensemble. Le caractère de son génie est de présumer l’ordre et de le chercher jusque dans les objets les plus minimes de la nature, et c’est là aussi l’origine de toutes ses découvertes. Il est vrai que ses classifications ne sont pas toujours heureuses. Par exemple il range les animaux en sept ordres, et dans le premier ordre auquel il donne le nom de primates, le caractère saillant de l’espèce amène sur le même plan l’homme et la chauve-souris. Un résultat aussi bizarre devait éclairer le naturaliste. L’homme n’est point un objet de simple curiosité qu’on puisse ranger dans un cabinet d’histoire naturelle entre le baboin et la roussette. Il n’est pas le maître du monde parce qu’il est mieux vêtu que l’hermine, mieux armé que le tigre, lui jeté sur la terre nu et sans défenses. Il est le maître du monde parce qu’il n’est pas de ce monde. La cause de sa supériorité échappe à toutes les classifications systématiques, et lorsque Linné trouve dans ses dents incisives