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le genre humain avec de la matière et des sensations, comme Descartes s’était vanté de créer le monde avec de la matière et du mouvement. Ainsi partout la toute-puissance de l’homme, et nulle part la toute-puissance du Créateur. Ce n’est pas que Buffon ne parle souvent de Dieu ; il le jette dans ses écrits comme un ornement ; il le nomme jusque dans les livres où il semble vouloir se passer de lui, et ses systèmes annoncent plutôt l’orgueil du savant que l’orgueil de l’impie.

Mais si le génie de Buffon faiblit lorsqu’il veut créer l’univers, il est sublime lorsqu’il ne songe qu’à le peindre. L’histoire des animaux est à la fois le plus beau monument qu’on ait élevé à la science et le plus magnifique tableau qu’on ait fait de la création. L’auteur y peint chaque climat, y décrit chaque contrée, les montagnes et les vallons, le ciel et la mer, les forêts vierges et les champs cultivés. Là, vous voyez apparaître un à un tous les êtres qui peuplent le globe : les animaux domestiques modifiés par l’éducation et les animaux féroces, libres dans leurs instincts et dans leur intelligence. Buffon les isole, il est vrai,