Page:Aimé-Martin - Plan d’une bibliothèque universelle.djvu/238

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Leibniz, dont les anneaux se déroulent de la terre au ciel, du caillou à la plante, de la plante à l’animal, de l’animal à l’homme. Rien de plus magnifique que ce plan, malheureusement fondé sur une erreur. Une chaîne matérielle ne saurait jamais atteindre l’infini ; le dernier anneau manquera toujours. Que la nature passe graduellement de la plante à l’animal par les tremelles et les zoophytes, rien d’impossible ; mais où sont les liens qui unissent le singe à l’homme, l’animal concentré dans ses besoins physiques à l’être intellectuel, qui ne vit pas seulement de pain, mais de vérité ? D’une part, je vois le vide du néant ; de l’autre, je vois une âme qui touche à Dieu, une âme qui se sent immortelle. Tous les soleils qui roulent dans l’espace ne suffiraient pas pour combler cet abîme. Mais si le plan de l’ouvrage est faux, sa conception est vaste et religieuse ; il représente la nature dans ses détails et dans son ensemble il rappelle le monde à son auteur, et après la vérité, qui surpasse tout, rien n’est peut-être plus magnifique que cette chaîne jetée dans l’espace, comme une echelle lumineuse qui,