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Tacite, dont le patriotisme ineffaçable est sombre et éloquent comme le désespoir. Moins variée, moins ondoyante, moins riche en éléments créateurs que la littérature grecque, la littérature romaine possède quelque chose de grave et de fort qui se retrouve même chez Perse, chez Juvénal, chez Velleius, sévèrement jugés par nous.

Pendant que la civilisation intellectuelle de Rome se forme, se développe et meurt, la flamme du génie grec renaît encore une fois de ses cendres ; faible souvenir ; ombre légère de l’antique beauté, de la création première, du feu céleste évanoui. La cour des Ptolémées est féconde à son tour en scoliastes, en poètes érudits, en commentateurs, en écrivains élégiaques, en auteurs d’anthologies. Le cadre de la poésie se rétrécit chaque jour ; elle se transforme en un mécanisme ingénieux. Remarquons surtout dans cette foule Théocrite, le sicilien, qui conserva un sentiment vif et doux des beautés de la nature et des charmes de la vie rustique. La prose fut plus heureuse ; consacrée à l’expérience et fille de la raison, elle