Page:Aimard, Auriac - Cœur de panthère.djvu/100

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Avant de se livrer au sommeil, Wontum fit avec l’écorce de quelques jeunes arbrisseaux une longue et forte corde avec un bout de laquelle il lia un bras de sa captive ; l’autre bout resta roulé autour de sa ceinture. Cette précaution diabolique devait être d’une funeste efficacité contre toute tentative de fuite.

Ensuite, la bande entière se coucha pour dormir.

Les instants s’écoulèrent, lents comme des siècles, pour Manonie inquiète, avant que la respiration égale et bruyante des dormeurs indiquât que leurs yeux étaient fermés par un vrai sommeil. La pauvre femme avait, plus que personne, ressenti les fatigues de cette triste journée : son enfant s’était immédiatement assoupi d’un profond sommeil entre ses bras : elle se sentait chanceler sous l’invincible étreinte d’un engourdissement général ; ses paupières s’abaissaient comme si elles eussent été de plomb. Il lui fallut toute l’énergie du désespoir pour lutter contre ce nouvel ennemi… le sommeil !

Enfin tout devint immobile autour d’elle ; Wontum lui-même dormait. Le premier soin de Manonie fût de travailler à dénouer la corde qui