Page:Aimard, Auriac - Cœur de panthère.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

114
LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

tier de guerre contre les Rouges. Ça c’est vrai comme parole d’Évangile ; car il l’a dit, et je le sais homme à ne pas mentir. Mais pourquoi n’êtes-vous pas venu voir Molly depuis si longtemps ? Je crois qu’elle prend ça à cœur ; elle est devenue pâle et sérieuse, elle ne rit plus ; elle n’est plus joyeuse fille comme à l’époque de notre arrivée au Settlement.

— Hélas ! monsieur Oakley, les troubles de ces contrées suffiraient pour enlever son sourire à la nature elle-même, et pour mettre en deuil l’azur du firmament. Pourquoi ne vous ai-je pas visité depuis longtemps ?… parce que j’ai trop d’ouvrage à accomplir ici ; parce que, jusqu’à la fin de cette guerre, je me suis voué à une seule et unique tâche. Il est vrai, entièrement vrai, que je porte toujours dans mon cœur l’image de votre fille ; mais mon cœur saigne d’une blessure toujours ouverte ; le sang en sort avec une telle abondance qu’il obscurcit ma vue pour tout autre objet. Quand ma vengeance sera accomplie, grandement, complètement, alors j’irai vous voir. Mais non auparavant… non, pas avant cette heure.

Quindaro parlait avec une vive émotion.