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Page:Aimard, Auriac - Cœur de panthère.djvu/121

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d’une émotion terrible : il se couvrit la face des deux mains et resta longtemps sans pouvoir parler.

— Non, M. Oakley, dit-il ; non, je ne sais pas ce que c’est que d’être père. Je connais à peine le bonheur d’être fils et frère… Je connais l’angoisse… le deuil… la mort… Oh ! nuit horrible ! continua-t-il comme répondant à ses propres pensées ; nuit de terreurs ! Flots de sang ! clameurs mourantes des agonisants ! Flammes dévorantes ! créatures chères que j’aimais ! je vous ai vengées déjà ; mais elle n’est pas pleine encore, la coupe de la vengeance !

En parlant, cet homme si fort et énergique sentait son cœur se gonfler comme l’Océan par une furieuse tempête ; le sang brûlant bouillonnait à ses tempes ; une flamme sinistre s’allumait dans ses yeux.

Oakley le regarda avec une émotion mêlée de surprise. Il supposait bien que les Sauvages n’étaient pas étrangers au désastre dont il venait de parler ; mais c’était la première fois que Quindaro laissait échapper une parole de nature à jeter quelque lumière sur son existence étrange et mystérieuse.