Page:Aimard, Auriac - Cœur de panthère.djvu/142

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changeait en roc, en sapin, en bosquet, en tronc d’arbre ; et, avec l’illusion s’évanouissait l’espérance.

Ah ! ciel ! qu’est-ce que cela ? Les prunelles noires de la jeune femme sondent ardemment l’espace ! Est-ce une erreur, un rêve, encore ? Là, tout près, un corps sombre se détache d’un noir rocher ;… une tête intelligente épie à la hâte les alentours ;… on s’avance,… on rampe,… on s’approche !

Manonie eut un affreux battement de cœur ; l’espérance rentrait si violemment dans sa pauvre âme qu’elle en était déchirée comme par une blessure. Il arrivait enfin, cet ami ! L’heure de la délivrance allait sonner !

Effectivement c’était un homme ; il s’avança avec une merveilleuse souplesse près des avant-gardes des Sauvages. Manonie le vit s’incliner sur le corps sombre de l’un des dormeurs ; elle crut qu’une lutte allait s’engager. Mais non ; un point lumineux parut et disparut sur la poitrine de l’Indien ; celui-ci leva convulsivement les bras ; ils retombèrent inertes et morts ; l’agonie avait été foudroyante et muette.

Alors le vainqueur prit dans ses mains robustes