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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

les cas ; si je ne me trompe, vous craignez bien davantage pour les Settlers que pour les soldats ?

— Je ne pourrais dire si j’ai plus de sollicitude pour les uns que pour les autres, mais, à ce moment, j’ai un poids énorme sur la poitrine ; mon absence est peut-être un acte de lâcheté qui livre ma femme et mon enfant aux chances des plus terribles dangers.

— Ne sont-ils pas en sûreté dans le Fort ?

— Oui ; du moins, je le suppose. Je n’ai aucune raison pour les croire en danger, et pourtant je suis oppressé par un pressentiment sombre : s’il leur arrivait malheur, je n’y survivrais pas.

— Gardez-les bien, jeune homme, ces trésors… une fois perdus on ne les retrouve plus ! répondit le vieillard d’un ton pénétré, pendant qu’une larme tremblait au bord de sa paupière.

— Certainement, je voudrais les sauvegarder ; c’est le but unique de mon existence ; mais il faut que je sois partout à la fois. Si je me suis arrêté ici jusqu’à présent, c’était pour procurer à mon pauvre cheval quelques moments de repos : je ne l’ignore pas, les moments sont précieux.

— Il y a de grands dangers à courir d’ici au Fort.