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Page:Aimard, Auriac - Cœur de panthère.djvu/60

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Cet obstacle imprévu faillit déconcerter le Sauvage : attendre, c’était perdre un temps précieux, et, aux premiers rayons du jour, courir risque d’une mort certaine ; enfoncer la porte, c’était jeter sur lui toute la garnison que Manonie, réveillée, appellerait à grands cris…

Que faire donc ?… Wontum sentait chanceler son audace.

Mais, lorsqu’un de ses favoris accomplit l’œuvre du mal, Satan leur procure parfois une chance toute spéciale : ainsi arriva-t-il en cette occasion.

La démarche lourde et cadencée d’une ronde de nuit se fit soudain entendre, tirant de leur silence les échos endormis sous les voûtes sombres. Un mouvement se fit entendre dans la chambre de Manonie Wontum prêta l’oreille avec avidité, puis il fit un bond en arrière, et eût à peine le temps de se cacher dans l’embrasure d’une autre porte. Manonie sortait, un bougeoir à la main, et se dirigeait vers l’escalier.

Tout en descendant légèrement les marches elle murmurait quelques mots, comme si elle eût répondu à ses propres pensées.

— Le voilà peut-être arrivé ! dit-elle avec joie.