Page:Aimard, Auriac - Cœur de panthère.djvu/62

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La jeune femme s’approcha du berceau et se pencha sur son premier-né. Il dormait d’un paisible et profond sommeil.

— Mon Dieu ! merci ! murmura-t-elle en joignant ses mains sur cette petite tête chérie, mes craintes étaient vaines ; il repose sans souffrance, mon mignon baby, et ses jolies lèvres roses ont un sourire. — Oh ! Seigneur ! si j’allais le perdre ! Mais non, je suis folle ; le lieutenant Blair a raison de me dire que je dois prendre soin de moi pour me conserver à mon fils. Oui, allons dormir, il le faut, je me sens bien lasse. Chose étrange ! lorsque je vivais dans les bois de la montagne je n’étais jamais fatiguée ; porter des fardeaux, suivre une piste, pagayer un canot, tout cela n’était qu’un jeu pour moi. Et maintenant que je vis au milieu du luxe, dans le bien-être, je suis harassée pour peu de chose. — Ah ! c’est qu’alors mon esprit et mon cœur étaient insouciants : aujourd’hui, quand mon cher Henry est absent seulement une heure, je n’ai devant les yeux que des visions de mort,… j’ai peur, toujours peur quand mon enfant est souffrant, je le crois perdu !… — Et pourtant, je ne voudrais pas changer d’existence, redevenir ce que j’étais… seule… isolée…