La soirée était fort avancée, M. Brainerd insinua tout doucement qu’il était l’heure, pour les jeunes personnes, de se retirer dans leur chambre ; alors l’oncle John se leva, invita tout le monde à rentrer dans la maison. La lampe demi-éteinte fut rallumée ; la famille s’installa confortablement sur des fauteuils moëlleux qui garnissaient le salon.
À ce moment, tous les visages devinrent sérieux, car on se disposait à réciter les prières du soir ; M. Brainerd, lui-même, déposa momentanément son air rieur pour se recueillir avec gravité ; il prit la Bible, l’ouvrit, mais avant de commencer la lecture, il promena un regard inquisiteur autour de lui.
— Où est Jim ? demanda-t-il.
— Il est encore sous le portique, repondit Will ; irai-je le chercher ?
— Certainement ! on a oublié de l’appeler.
Le jeune homme courut vers le Sioux et l’invita à entrer pour la prière.
L’autre, sans sourciller, resta, immobile et muet ; Will rentra, après un moment d’attente.
— Il n’est pas disposé, à ce qu’il paraît, ce soir, dit-il en revenant ; il faudra nous passer de lui.