leur hôte sauvage. Ce dernier fumait toujours avec la même énergie silencieuse, et sa pipe illuminait vigoureusement son visage, à chaque aspiration qui la rendait périodiquement incandescente. Il garda un mutisme obstiné jusqu’au moment où l’oncle John l’interpella directement.
— Jim, vous paraissez tout changé ce soir. Pourquoi n’êtes-vous pas venu prendre part à la prière ? Vous ne refusez pas d’adresser vos remerciements au Grand-Esprit qui vous soutient par sa bonté.
— Moi, lui parler tout le temps. Moi, lui parler quand vous lui parlez.
— Dans d’autres occasions vous aviez toujours paru joyeux de vous joindre à nous pour ces exercices.
— Jim n’est pas content : il n’a pas besoin que les femmes s’en aperçoivent.
— Qu’y a-t-il donc d’extraordinaire ?
— Les trafiquants Blancs sont des méchants ; ils trompent le Sioux, lui prennent ses provisions, son argent, jusqu’à ses couvertures.
— Ç’a toujours été ainsi.
— L’Indien est fatigué ; il trouve ça trop mauvais. Il tuera tous les Settlers.