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les drames du nouveau-monde

Au fond, ce n’était qu’un intrigant habile, un scélérat de génie, possédant à fond l’art d’exploiter les masses populaires ; se servant de tout pour arriver à ses fins, et sachant parfaitement s’enrichir des dépouilles de son peuple.

Il avait, comme on dit au théâtre, le physique de son emploi ; une figure régulière et expressive, des traits fins, la parole insinuante, une éloquence superficielle mais entraînante, un orgueil et un égoïsme infinis, une persévérance et une audace infernales, doublées d’une hypocrisie plus infernale encore.

C’était l’ange du mal avec ses beautés et ses scélératesses.

Quand les dernières lueurs des foyers devinrent chancelantes, quand l’heure du sommeil approcha, le prophète entonna d’une voix vibrante le cantique du soir ; la tribu tout entière lui répondit aussitôt, et pendant plusieurs minutes, les roches sonores du voisinage répétèrent cette grave harmonie, nouvelle sans doute pour le désert.

Puis les feux s’éteignirent, la foule s’endormit, tout devint muet et immobile dans le camp :