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les drames du nouveau-monde

— Oh ! non ! il faut nous méfier : nous ne sommes pas en nombre suffisant pour attaquer des hommes sous les armes.

— Il n’a pas encore donné le signal : peut-être ne nous a-t-il pas encore aperçus.

Basil caressa l’eau de son aviron, le plus doucement possible, afin de se rapprocher encore un peu, pour entendre le nom du traître, si on le prononçait. Mais son attente fut déçue : une voix s’écria rudement

– Pierre n’est-ce pas un bateau qui rôde là dans l’ombre ?

— Peut-être : Holà ! ho ! ahoy !

D’un adroit et vigoureux coup d’aviron, Basil fit glisser son canot à plus de trente pieds.

— Alerte ! Feu ! tuez-le ! tuez-le ! c’est cet infernal Yengese qui nous espionne ?

Trois coups de feu suivirent cette exclamation. Veghte sourit dédaigneusement en entendant les balles siffler au dessus de sa tête.

— Oui, mes French-dogs ! (chiens de Français), murmura-t-il ; il y a par ici un homme capable de vous répondre à l’occasion : et son nom est Basil Veghte, et le nom de son fusil est Sweet-Love