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les drames du nouveau-monde

Un pied plus près, le Forestier aurait eu la tête fendue par la carène de l’embarcation mais il avait de la chance, en cette nuit mémorable, le danger même devint son salut ; il disparut dans le bouillonnement des vagues ; d’ailleurs, ses adversaires n’eurent pas l’idée de le chercher dans le sillage de leur barque.

Quant à lui, sans se troubler, il se cramponna à un petit gouvernail dont on ne faisait pas usage lorsque la barque était pourvue de ses rameurs au complet : par ce moyen, Basil se fit trainer à la remorque. À ce procédé hardi de sauvetage, il trouva le double bénéfice de se reposer et d’être conduit à toute vitesse vers le bord.

En effet, lorsque la croisière des Français le long du rivage fut terminée, Veghte se détacha de leur embarcation, et se laissa flotter comme une épave jusqu’à terre.

Néanmoins, avec sa prudence ordinaire, il se laissa aller à la dérive, entre les joncs, l’espace d’un demi-mille, avant de se montrer. En outre, après avoir rampé sous les broussailles du rivage, il ne se hasarda à reprendre la position verticale qu’après avoir longuement regardé du côté