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les forestiers du michigan



mon rifle ; un jour, quelque rôdeur indien trouvera le vieux chasseur couché au pied d’un arbre, il lui prendra son fusil et ses munitions ; les bêtes fauves viendront ensuite ronger sa chair ; enfin les fourmis et les scarabées en feront un squelette. — Voilà ta fin, mon pauvre Basil ! et il n’y aura personne pour relever ta tête quand elle tombera de faiblesse ; personne pour chasser les mouches qui viendront te manger vivant ; personne pour donner à ton corps une sépulture chrétienne. – Tu as bien enseveli ta vieille mère, tu lui as fermé les yeux, tu l’as embrassée au front avant de la couvrir de terre !… Pour toi… il n’y aura personne

Le Forestier baissa la tête ; une larme amère roula sur ses joues bronzées.

Alors, comme un nuage lointain, passèrent devant sa pensée les ombres gracieuses et souriantes d’une jeune mère, d’un petit enfant qui lui tendaient les bras… : de loin il apercevait le nid, le doux nid de la famille,… le berceau suspendu à un érable, les premières fleurs offertes à la fiancée, le banc rustique où se prend le repos, où s’échangent les causeries du cœur, le